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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
   Bien que le sol de l'Algérie n'ait pas subi les atteintes directes de l'ennemi, elle n'en a pas moins éprouvé la répercussion des événements ; elle a été atteinte non seulement dans son amour filial pour la mère-patrie, dont elle a partagé les épreuves, mais dans sa constitution sociale, dans ses ressources vives, dans sa vie économique et financière.
Le budget de l'Algérie, que les assemblées locales avaient si prudemment aménagé et qui autorisait toutes les espérances, avait été profondément ébranlé par les événements. Dans les cinq exercices de guerre, un déficit de plus de 120 millions s'accusa dans les revenus budgétaires; en même temps, les dépenses exceptionnelles pour le ravitaillement de la population, pour l'amélioration du sort des fonctionnaires et des cheminots, pour le déficit des chemins de fer, devenaient de plus en plus considérables. Au total, 621 millions de dépenses ne figuraient pas aux écritures budgétaires qui, de 1915 à 1922, ne répondaient plus à la réalité. Il fallut faire appel au fonds de réserve, emprunter à la Banque de l'Algérie, créer des impôts nouveaux.
Dès la fin de la guerre, on s'attacha à liquider la situation. Il n'était pas possible de prolonger, au delà des circonstances qui l'avaient imposée, la méthode financière consistant à demander à la Banque de l'Algérie les ressources nécessaires tant pour équilibrer le budget que pour faire face aux dépenses exceptionnelles du temps de guerre. Cette politique, en faisant appel aux avances d'une banque d'émission, aggravait l'inflation de la circulation fiduciaire, cause principale de la cherté de la vie et ne pouvait que retarder le retour à une situation économique normale. Malheureusement, en 1920 se produisit une sécheresse désastreuse et la récolte fut à peu près nulle. En temps ordinaire, on eût pu se procurer facilement et à bon marché des grains en Russie, en Argentine ou ailleurs; les circonstances nées de la guerre, déficit général des récoltes, carence de la Russie, conditions de fret et de change, obligèrent l'Algérie à payer le blé nécessaire à la soudure plus de 200 francs le quintal; il fallut importer en 1920-21 plus de deux millions de quintaux. C'était une opération sans précédent dans l'histoire de l'Algérie par sa durée et par les difficultés de toutes sortes que l'administration rencontra pour la mener à bien; elle fit le plus grand honneur au directeur de l'agriculture, M. Brunel, qui fut à la hauteur de sa tâche dans des circonstances presque tragiques.

La crise de 1920 retarda le rétablissement de la situation budgétaire normale. Malgré l'augmentation des impôts, les recettes demeuraient insuffisantes pour couvrir les dépenses ordinaires et les travaux publics, très ralentis, ne pouvaient être alimentés que par des ressources exceptionnelles.

 
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