|
D'après certaines
évaluations, les Européens possèdent 63 pour 100 de la
fortune algérienne et supportent 73 pour 100 des charges
publiques; les indigènes détiennent 37 pour 100 et
supportent seulement 27 pour 100 des charges; la réforme de
1919 a donc été très largement favorable à la population
indigène.
Les privilèges fiscaux dont les Européens ont longtemps
joui ont complètement disparu, malgré l'intérêt qu'il
pouvait y avoir à conserver en Algérie un régime
impositaire moins lourd qu'en France, afin d'y attirer les
capitaux et les colons. D'après les chiffres de l'impôt
sur le revenu et de la taxe sur les successions, la fortune
de l'Algérie serait, par rapport à celle de la France,
comme 1 est à 45. C'est l'agriculture qui est à la base du
budget algérien; or, l'hectare de vigne, qui paie 75 francs
en France, paie 101 francs en Algérie; l'hectare de
céréales paie 1 fr. 35 en Algérie au lieu de 2 fr. 70 en
France, mais pour des rendements beaucoup moindres. En
Algérie, comme dans tous les pays neufs, il y a peu de
fortunes mobilières; toute la vie économique repose sur la
transformation et la circulation des denrées agricoles. Il
importe donc que les produits algériens, grevés sur les
marchés européens de frais de transport considérables,
n'aient pas à supporter des impôts tels, que le prix de
revient les mette en état d'infériorité. A quoi bon
s'exposer à l'insécurité, à la fièvre, au sirocco, à
la sécheresse, quitter une France où il fait si bon vivre,
si ce n'est pas pour trouver au delà de la Méditerranée
des conditions d'existence plus faciles ? Aussi les
assemblées algériennes se montrent-elles résolument
hostiles à toute nouvelle augmentation des impôts ; elles
attendent l'accroissement des ressources de celui de la
production, qu'il convient de ne pas trop surcharger.
En résumé, la situation financière de l'Algérie est
sensiblement moins belle qu'avant la guerre, mais cependant
prodigieusement enviable au regard de celle des grands
États du continent qu'ont accablés toutes les charges de
cette crise formidable. L'avenir peut être doté avec un
faible effort supplémentaire, dont le poids ne sera pas
excessif, et qui est indispensable pour que le
développement de l'outillage puisse suivre le
développement même du pays. |
LES TRAVAUX
PUBLICS |
|
A la fin de 1914, 40 millions
seulement, sur un total de 143 millions, avaient été
dépensés pour l'exécution des voies ferrées nouvelles
prévues au programme de 1907, de sorte que la hausse des
prix se fit sentir sur plus des deux tiers de la dépense.
Un nouveau programme, s'élevant à 450 millions, avait
été arrêté par les assemblées algériennes dans leur
session de 1914. |
|
|