|
L'œuvre de la
colonisation agricole, interrompue de 1914 à 1919, a été
reprise dès que les circonstances l'ont permis. Mais, des
trois opérations nécessaires à la création d'un centre
de colonisation, à savoir la constitution du périmètre,
l'aménagement du centre et le peuplement du village, c'est,
contrairement à ce qu'on imagine, cette dernière qui est
encore la plus facile. Sans parler des Algériens fils de
colons, la France, malgré ses conditions démographiques
actuelles, peut fournir facilement à l'Algérie les
quelques centaines de familles, les quelques milliers
d'individus qu'elle pourrait absorber tous les ans. |
 |
Mais l'aménagement des centres
est devenu très coûteux, par suite de l'augmentation du
prix de la main-d'œuvre et des matériaux et de l'énorme
plus-value de la propriété foncière. Surtout, il devient
de plus en plus difficile de se procurer des terres. Les
indigènes, soit en raison de la répugnance qu'ils
éprouvent à abandonner le sol qui leur vient de leurs
ancêtres, soit par opposition instinctive et systématique
à l'installation de nouveaux foyers européens, refusent de
vendre. Quelques centres ont été peuplés ou agrandis
depuis 1919, mais beaucoup de projets de villages qui
avaient été envisagés avant 1914 et dont la réalisation
avait été ajournée pendant la guerre ont dû être
abandonnés, par suite du refus opposé par les indigènes
aux propositions d'acquisition.
On hésite toujours à recourir à l'expropriation,
quoiqu'elle offre toutes les garanties pour la sauvegarde
des intérêts particuliers, et on ne l'applique pour ainsi
dire presque jamais. Sur bien des points, l'administration
ne peut plus que s'efforcer d'ouvrir à l'initiative privée
de nouvelles régions par la création de voies d'accès,
l'installation de hameaux ou de petites agglomérations. Ce
n'est pas à dire que l'intervention de l'État ne demeure
nécessaire, mais cette intervention affectera désormais
des modalités nouvelles; il lui appartiendra de doter et de
gérer une caisse de colonisation, d'organiser le crédit
agricole, de dégager les terres disponibles et de les
revendre avec des facilités de paiement. |
|
|