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Si l'on veut que les paysans
français s'implantent en Algérie d'une façon définitive,
il faut les soutenir dans la lutte engagée par eux contre
une nature capricieuse. A quoi sert de donner la terre à
celui qui n'a pas les moyens de la cultiver? Le crédit
mutuel agricole, désormais constitué, répond à cette
nécessité primordiale. Le crédit à court terme ou
crédit de campagne a été organisé par la fondation de
Caisses régionales de crédit agricole mutuel, créées en
Algérie par la loi du 8 juillet 1901. Pour le crédit à
moyen et à long terme, la loi du 28 juillet 1927 a décidé
la création d'un organisme central, la Caisse foncière
agricole. Un des premiers effets de l'organisation du
crédit mutuel agricole en Algérie a été d'y faire
apparaître la coopération agricole de production. La
plupart des coopératives agricoles ont été fondées
depuis 1920; il n'en existait que 28 en 1915, il y en a
aujourd'hui 179. Elles affectent les formes les plus
diverses : caves coopératives, docks à céréales, docks
à tabac, coopératives cotonnières, etc. Elles tendent à
améliorer la situation du producteur en mettant à sa
disposition un matériel technique plus perfectionné;
d'autre part, elles organisent et gèrent les services
d'intérêt collectif agricole de leurs adhérents. |
LES INDIGÈNES |
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La population indigène a
augmenté plus rapidement encore que la population
européenne. Elle s'élève à 5 148 000 âmes, dont 532 000
dans les territoires du Sud et représente 86 pour 100 de la
population totale, dont les Européens ne représentent que
14 pour 100.
La société indigène, comme la société française
elle-même, est sortie profondément transformée de la
grande guerre. Les indigènes ne pouvaient échapper
complètement aux mouvements nationalistes déchaînés dans
le monde entier; les doctrines wilsoniennes, l'exemple
d'Angora et de l'Égypte ont exercé sur eux une certaine
influence. On ne pouvait ignorer cette transformation; il
était nécessaire de la prévenir, de la préparer, de la
guider. La France s'est efforcée en Algérie d'adapter sa
politique à ces conditions nouvelles et de donner aux
musulmans algériens toutes les satisfactions compatibles
avec la bonne administration du pays, liée elle-même au
maintien de son hégémonie.
Les pouvoirs disciplinaires des administrateurs, au sujet
desquels on avait beaucoup et longtemps discuté, avaient
été considérablement réduits par la loi de 1914, qui,
applicable pour une durée de cinq ans, venait à échéance
en 1919 ; ces pouvoirs furent alors supprimés, mais il
fallut les rétablir, à la demande des indigènes
eux-mêmes, d'abord pour deux ans, puis pour cinq ans;
depuis la loi du 4 février 1919, tous les électeurs au
titre indigène échappaient d'ailleurs au régime de
l'indigénat. |
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