Les pouvoirs disciplinaires ont finalement disparu à partir du ter
janvier 1928 et les tribunaux répressifs ont été également
supprimés par un décret du 1er mai 1930.
En ce qui concerne les oeuvres d'assistance et d'hygiène, la
voie tracée par M. Jules Cambon et par M. Jonnart a été suivie
par leurs successeurs. En 1926, les infirmeries indigènes
organisées par M. Jonnart ont été transformées en hôpitaux
auxiliaires par M. Viollette et des circonscriptions médicales
rurales ont été créées. En même temps que nous luttions contre
la maladie par le développement de l'hygiène et la diffusion des
soins médicaux, nous luttions contre l'ignorance par les écoles,
contre la misère et l'usure par les sociétés de prévoyance, les
oeuvres de mutualité et de crédit.
Pour la mise en valeur de l'Algérie, il faut faire appel à la
collaboration des indigènes. Ce n'est pas seulement une obligation
morale, c'est une nécessité. Il faut mettre à leur disposition
l'outillage qui leur manque, répandre parmi eux un enseignement
pratique, faire l'éducation professionnelle des agriculteurs et des
artisans, de manière à augmenter leur rendement. Des centres
d'éducation professionnelle et agricole ont été créés dans un
certain nombre de communes mixtes; tout a été mis en oeuvre pour
leur permettre de perfectionner leur matériel agricole, d'exploiter
leurs terres d'une manière plus rationnelle et d'obtenir de
meilleurs rendements. Le rythme du progrès est devenu plus rapide
et on peut entrevoir la formation d'une classe de paysans et
d'artisans indigènes dont il n'existait guère jusqu'ici que des
embryons.
Les indigènes ne semblent pas avoir fait un trop mauvais usage
des droits politiques nouveaux qui leur ont été accordés. Sans
doute, il est difficile de les faire passer du régime patriarcal
qui était le leur et qui n'était démocratique qu'en apparence au
régime représentatif. Les élections indigènes donnent lieu à
des trafics d'influence et à des luttes de clans, que n'ignorent
pas d'ailleurs les pays de l'Europe méridionale, mais qui
s'exercent ici avec plus de cynisme et présentent plus
d'inconvénients. Modelés par des siècles d'islam et par un
enseignement de pur psittacisme, les indigènes récitent souvent
nos formules politiques sans les bien comprendre et s'adonnent à
un verbalisme grandiloquent assez vain. Seuls, d'ailleurs, un petit
nombre d'indigènes s'intéressent à la politique; la masse demeure
complètement amorphe. Un petit-fils d'Abd-el-Kader, ancien officier
de l'armée française, le capitaine Khaled, a essayé de jouer un
rôle politique et de susciter quelque agitation; il n'y a pas
réussi, étant lui-même assez inconsistant, et s'est retiré en Égypte.
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