Les partis indigènes algériens
ne sont pas jusqu'ici bien nettement constitués.
On peut cependant distinguer les conservateurs, qu'on
appelle les Vieux Turbans, appartenant aux vieilles
familles féodales qui exerçaient traditionnellement le
pouvoir et auxquelles notre administration l'avait plus ou
moins maintenu; les Jeunes Algériens, qui sont
principalement des élèves de nos écoles, s'adonnant aux
professions libérales ou au commerce, assez détachés, au
moins en apparence, des idées religieuses et
traditionnelles, partisans du rapprochement avec les
Français et de l'assimilation; enfin les nationalistes
musulmans, qui allient, suivant des modalités assez
variables, l'orthodoxie musulmane, considérée par eux
comme une machine de guerre contre les Européens et
certaines idées empruntées à notre civilisation; ils
entendent nous combattre avec nos propres armes : la presse,
les réunions, les associations, les mandats publics. La
propagande révolutionnaire, exploitée au profit des
revendications musulmanes, n'est pas sans action sur les
indigènes, chez lesquels a toujours existé un vieux levain
communiste; certains groupements reçoivent directement ou
indirectement le mot d'ordre de Moscou. Il y a là un danger
sérieux; seul l'appui que les aspirations indigènes les
plus violentes trouvent dans certains milieux européens
pourrait leur donner une réelle gravité. |