On avait essayé d'exiger des
travailleurs la production d'un contrat d'engagement, mais cette
mesure avait donné lieu à un certain nombre d'abus,
embarquements clandestins et faux contrats d'embauchage. Le
décret du 4 avril 1928 se borne à exiger une carte
d'identité, un certificat médical et la justification d'un
certain pécule. Il paraît impossible d'empêcher l'exode des
travailleurs indigènes, mais il faut, si l'on veut en diminuer
les inconvénients, s'efforcer de l'organiser, de le contrôler,
de le moraliser et de le surveiller, aussi bien dans l'intérêt
de l'Algérie que dans celui de la métropole.
L'émigration kabyle a contribué à amener en Algérie une
hausse des salaires et une raréfaction de la main-d'œuvre dont
les colons se plaignent amèrement. Il est clair que, si cet
exode n'était pas maintenu dans de justes limites, les
exploitations agricoles de l'Algérie en souffriraient très
sérieusement. La crise de la main-d'œuvre a d'ailleurs
beaucoup d'autres causes. Le développement du Maroc français
et même du Maroc espagnol a privé la province d'Oran de
ressources auxquelles elle faisait autrefois appel. Le
développement économique de l'Algérie a augmenté les besoins
de main-d'œuvre dans les exploitations agricoles et minières,
en même temps qu'il permettait aux indigènes de tirer meilleur
parti de leurs propres terres et les dispensait de chercher du
travail chez les colons ; après avoir été nos serviteurs, ils
tendent à devenir nos concurrents.
Enfin le taux des salaires s'est élevé plus rapidement que les
besoins des indigènes; ils peuvent donc se suffire en
travaillant moins. |