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  L'ALGÉRIE DE 1914 À 1930  
     
  
Le phénomène est très complexe, mais ne laisse pas d'être inquiétant. Il est nécessaire en effet, pour que la prospérité économique se maintienne, que l'abondance de la main-d'œuvre compense sa médiocrité, et que son bon marché contre-balance les aléas du climat et les frais de transport qu'occasionne l'éloignement des lieux de consommation.
Il est assez singulier d'observer quelle évolution ont subie les idées. Les Algériens se plaignaient du « péril étranger » et voici qu'ils regrettent les travailleurs espagnols; ils étaient effrayés de la multiplication si rapide des indigènes, et voici qu'ils trouvent ces précieux collaborateurs trop peu nombreux. Ils se sont aperçus que la main-d'œuvre indigène est absolument indispensable à la mise en valeur d'une colonie, qu'il faut tout faire pour en augmenter le nombre et la qualité et qu'il n'existe au fond que deux véritables richesses : l'homme et la terre.

LA SITUATION ÉCONOMIQUE

 
D'une manière générale, l'Algérie a moins souffert de la guerre que la métropole. Il semble même que, pendant cette période elle se soit enrichie. Mais cet enrichissement, quoique réel, n'est pas aussi considérable qu'il semble au premier abord. Comme l'ont observé les économistes, ce n'est pas en général pendant la guerre qu'un peuple souffre le plus des sacrifices et des privations que la lutte lui a imposés ; les maux économiques et financiers ne sévissent d'ordinaire qu'un certain temps après le rétablissement de la paix. L'Afrique du Nord en est un exemple ; elle a reperdu dans les années qui ont suivi la guerre une partie des bénéfices qu'elle avait effectués pendant la période des hostilités. « Les gains passagers réalisés dans certaines professions, dit M. Alapetite, ne doivent pas faire illusion sur l'appauvrissement général qui résulte pour le monde entier de ces dépenses de guerre dont le calcul donne le vertige, de tant de destructions causées par la bataille et de celles que la barbarie de l'ennemi y a gratuitement ajoutées. Que sont pourtant ces pertes matérielles à côté de ce que nous aurions perdu si l'effort immense, si le sacrifice sans égal dans l'histoire demandé à la France de 1914 l'avait lassée avant que le but fût atteint! »
Pendant les années 1914-1919, le volume total du commerce avait diminué. Cette diminution avait porté surtout sur les importations, de sorte que pendant les années de guerre les exportations avaient toujours été supérieures aux importations. Après la guerre, la situation se renverse complètement; l'Algérie cherche à se procurer les objets manufacturés dont elle avait été privée pendant la guerre, notamment les articles de luxe et il en résulte une augmentation considérable des importations; la mesure est même parfois dépassée.
 
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