En 1919, la récolte avait été médiocre; en 1920, elle fut
presque nulle; alors que, de 1913 à 1918, l'Algérie avait
toujours récolté plus de 7 millions de quintaux de blé et
même 13 millions en 1918, en 1920 elle ne produisit que 1 800
000 quintaux; pour l'ensemble des céréales, on obtenait 6
millions de quintaux, au lieu de 30 millions en 1918 et la part
des indigènes dans ce total ne dépassait pas 3 millions de
quintaux; 1920 est la plus mauvaise année qu'il y ait eu depuis
la famine de 1868. Certaines parties des départements d'Oran et
d'Alger ne récoltèrent absolument rien. Les pasteurs furent
éprouvés plus cruellement encore que les cultivateurs de
céréales; certaines régions perdirent 60 et 70 pour 100 de
leur cheptel. La misère et le typhus s'abattirent sur les
malheureuses populations indigènes.
Des mesures efficaces furent prises pour leur venir en aide
et on ne revit pas les affreuses scènes de famine de 1868. On
organisa des chantiers de travaux publics, on prit des mesures
pour permettre aux indigènes éprouvés par la sécheresse de
subsister jusqu'à la récolte suivante et pour leur procurer
des grains de semence. On fit également aux populations
pastorales des avances à titre de prêts remboursables, pour
les aider à reconstituer leur cheptel. Les répercussions de la
crise se firent sentir dans toutes les branches de l'activité
commerciale, d'autant plus qu'aux causes locales s'ajoutèrent
des causes générales instabilité des prix, désordre
monétaire, rupture d'équilibre des changes, hausse formidable
des salaires et des denrées. La consommation se restreignit, le
crédit bancaire se resserra, les charges des impôts devinrent
de plus en plus lourdes. |