La sécheresse sévit de nouveau en 1922, en
1924, en 1926, mais sans causer des difficultés aussi graves qu'en
1920; puis, en 1927, ce fut le tour des inondations, qui dévastèrent
certaines régions de l'Oranie, car telle est en Algérie
l'irrégularité du régime des pluies qu'on y passe de la disette à la
surabondance. Ces divers fléaux n'ont pas retardé la marche en avant
de la colonie et la mise en valeur s'est poursuivie sur un rythme de
plus en plus accéléré. Européens et indigènes y ont contribué les
uns et les autres.
L'agriculture demeure la grande richesse de l'Algérie. La
viticulture continue à donner des bénéfices élevés et à constituer
la principale richesse du pays. « Sans elle, dit M. Berthault, toute la
vie de la colonie s'arrêterait; c'est elle qui permet les hauts
salaires ruraux et apporte le bien-être aux masses indigènes qui
achètent alors largement les tissus et le sucre; c'est elle qui,
presque exclusivement, alimente le commerce des villes de la côte et
contribue à l'essor de la construction; c'est elle qui permet à
l'industrie automobile française d'avoir tant d'acheteurs de l'autre
côté de la Méditerranée; c'est elle qui, avant tout, fait vivre les
transporteurs, depuis les camionneurs jusqu'aux compagnies de chemin de
fer et de navigation. » Mais les colons n'ignorent pas que le marché
des vins est présentement saturé et que les crises de mévente
risquent de se reproduire. Aussi s'efforcent-ils de varier leurs
productions. Les bonnes méthodes de culture des céréales sont de plus
en plus pratiquées; les indigènes achètent des charrues françaises
et font des labours préparatoires; les rendements deviennent plus
élevés et relativement plus réguliers. La culture du tabac, celle du
coton se développent. Les cultures fruitières, olivier, oranger, sont
l'objet de soins attentifs, ainsi que les primeurs. L'élevage du
mouton, principale ressource des indigènes des steppes, a réparé les
dégâts causés par les années de disette; bien que les progrès
soient ici moins sensibles, un certain nombre d'améliorations ont été
réalisées. Le liège, l'alfa, dont l'exploitation avait été
interrompue pendant la guerre, ont repris leur place dans les
exportations algériennes et l'ont même accrue. Les richesses minières
sont exploitées avec plus ou moins d'intensité selon les conditions de
la concurrence internationale et du cours des métaux. Mais les minerais
de fer, avec l'Ouenza, qui a fini par entrer en exploitation en 1921, et
les phosphates donnent des tonnages très importants. Les industries
nées de la guerre ne lui ont pas survécu en général, mais les
industries dérivées de l'agriculture se sont développées.
L'industrie du bâtiment, longtemps arrêtée par l'élévation du prix
des matériaux et de la main-d'œuvre, a repris avec beaucoup
d'activité, notamment à Alger.
Tout cela se résume dans un mouvement commercial qui, en 1928, a
atteint 8 964 millions, en augmentation de plus d'un milliard sur celui
de 1927 (7 927 millions). |