Le transsaharien ne présente pas de
difficultés techniques insurmontables. Les objections qui lui
sont faites sont de nature économique. Ses partisans
envisagent, au bout de quelques années, un trafic de 400 000
tonnes et de 70 000 voyageurs; ses adversaires prétendent qu'un
train de marchandises par an suffirait à transporter toutes les
denrées qui emprunteront cet itinéraire et que la zone
productive du Soudan sera toujours drainée par la voie moins
coûteuse de l'Atlantique. On objecte aussi que, dans
l'outillage de notre empire colonial, d'autres tâches plus
urgentes et plus immédiatement productives s'imposent à nous.
On fait remarquer enfin que l'automobile et bientôt sans doute
l'avion fourniront aux voyageurs pressés, et que la dépense
n'effraie pas, la solution au moins provisoire de la traversée
rapide du désert.
C'est au point de vue politique que l'utilité du
transsaharien est incontestable. L'Afrique du Nord et l'Afrique
occidentale jouent un rôle croissant dans notre vie nationale;
chaque progrès, chaque pas en avant qu'elles feront rendra de
plus en plus nécessaire de les souder l'une à l'autre par une
voie ferrée. Le Sahara, le plus grand désert du monde, est un
très grave obstacle à la mise en valeur des régions
intertropicales de l'Afrique et à la cohésion de l'empire
colonial français. Cet obstacle ne peut être vaincu que par le
rail. On ne saurait que s'associer sur ce point aux conclusions
de l'explorateur Foureau : « Considéré en tant qu'affaire
commerciale, écrivait-il, je n'ai qu'une très médiocre
confiance dans le rendement probable du transsaharien devant le
néant du trafic que j'entrevois. |