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importantes, mais bien des terres sont encore en friches, et, de
plus, la faible pluviométrie oblige les cultivateurs à pratiquer
la jachère une année sur deux ou deux années sur trois,
c'est-à-dire à laisser improductifs la moitié ou les deux tiers
de leurs terres, pour leur permettre d'emmagasiner l'eau nécessaire
à la vie de la plante.
L'irrégularité du climat algérien, les variations extrêmes du
régime des pluies exercent une très grande influence sur la
production des céréales: en bonne année, si les pluies ont été
suffisantes, on récoltera 20 millions de quintaux de grains; si
elles ont été exceptionnellement abondantes et bien réparties, la
récolte atteindra et pourra même dépasser 1.5 millions de
quintaux. Si l'année a été particulièrement mauvaise, les pluies
rares et peu importantes, la production pourra tomber à 10
millions, parfois même descendre au-dessous de ce chiffre. Ces
variations considérables sont heureusement assez rares; tout au
plus se sont-elles produites quatre ou cinq fois pendant les vingt
dernières années. Mais elles sont la cause que l'Algérie, qui
exporte annuellement 4 à 5 millions de quintaux, parfois plus, peut
devenir importatrice après une récolte déficitaire.
Les faibles productions, au surplus, seront de plus en plus
l'exception. Les procédés perfectionnés de culture tendent en
effet à se généraliser, non seulement chez les colons, mais chez
les cultivateurs indigènes. Ceux-ci, longtemps réfractaires à
l'adoption de nouvelles méthodes, ont dû, en présence des
résultats meilleurs et plus réguliers obtenus par les Européens,
se rendre à l'évidence. Ils abandonnent de plus en plus leurs
primitifs instruments de culture pour des instruments d'un meilleur
rendement; l'emploi des engrais s'intensifie; enfin, les labours
préparatoires, qui consistent à maintenir la jachère en parfait
état de propreté et d'ameublissement, sont chaque année plus
importants.
Car les trois quarts des cultures de céréales appartiennent
aux agriculteurs indigènes; mal cultivées, ces terres ont des
rendements irréguliers, qui influent sérieusement sur la
production totale; bien cultivées, elles fourniront une récolte
plus abondante et moins sujette à variations. Sur 2 300.000
hectares, les indigènes produisent 12 à 13 millions de quintaux;
sur 800.000, les Européens en récoltent 7 à 8 millions; pour les
premiers, le rendement est de 4 à 5 quintaux à l'hectare, pour les
seconds de 8 à 10. Lorsque les cultures indigènes produiront
autant que celles des colons, ce n'est pas 15 à 20 millions de
quintaux que l'Algérie produira en moyenne, c'est au bas mot 25
millions. On aperçoit |
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tout de suite l'importance que peut acquérir dans l'avenir la culture des
céréales en Algérie : la valeur de la production passerait de moins de 2 à
plus de 3 milliards, la valeur des exportations de 500 millions à 1 milliard
au moins. C'est à cet accroissement des rendements par l'éducation agricole
que s'emploie activement l'Administration algérienne, puissamment aidée dans
cette tâche par les colons européens. Les résultats acquis sont déjà
considérables, mais il reste encore beaucoup à faire : à un accroissement
de la production correspondra un accroissement du bien-être des populations
indigènes.
Nous passerons maintenant en revue les principales céréales cultivées en
Algérie.
Blé. - Le blé couvre chaque année une superficie très voisine d'un
million et demi d'hectares. C'est la plus importante des céréales
algériennes, puisque près de la . moitié des emblavures lui sont
consacrées. La production atteint en moyenne 7 à 8 millions de quintaux,
mais peut, dans les mauvaises années, descendre au-dessous de 5 millions, et,
dans les bonnes années, approcher 10 millions.
Deux catégories de blé sont cultivées en Algérie: le blé dur, qui domine,
et le blé tendre.
Blé dur. - On peut estimer à 1.200.000 hectares les
superficies consacrées au blé dur. C'est par excellence une culture
indigène, car il est particulièrement adapté au milieu, à la chaleur et au
manque d'humidité.
La production annuelle atteint en moyenne 6 millions de quintaux et oscille
entre 3 et 7 millions.
Les semoules de blé dur algérien, et particulièrement celles de la région
de Médéa, des plateaux de Sétif et de la plaine du Chéliff, sont de toute
première qualité. Les fabriques de pâtes alimentaires du monde entier les
recherchent et les exportations algériennes de blé dur, sous forme de grains
ou de semoules, approchent 1 million et demi de quintaux.
Est-il besoin d'ajouter que le couscous, qui est à la base clé
l'alimentation des indigènes, pour lesquels il remplace le pain, n'est autre
que de la semoule de blé dur ?
La culture du blé dur a fait naître en Algérie une importante industrie:
celle des pâtes alimentaires. C'est une branche très prospère de
l'économie algérienne, qui non seulement suffit aux besoins de la
consommation locale, mais encore fournit à l'exportation un contingent de 15
à 20.000 quintaux valant plus de 6 millions de francs.
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