|
Les agrumes. - On donne le nom générique d'agrumes aux
arbres appartenant au genre botanique des citrus. Cette appellation
commode, d'origine italienne, permet de dénommer, sans confusion
possible, toute une catégorie d'arbres, et au surplus leurs fruits.
A cette catégorie appartiennent les orangers, les mandariniers, les
citronniers, les cédratiers, les pamplemoussiers, etc...
La culture des agrumes est délicate, car elle exige une
température moyenne élevée et des sols frais ou facilement
irrigables, mais s'accommode mal du voisinage immédiat de la mer.
C'est donc dans les vallées abritées et dans les plaines de la
dépression sublittorale, où le sol est humide, ou qui présentent
des possibilités d'irrigation, que nous rencontrerons les
principales plantations: les plaines d'Oran, du Sig et de l'Habra,
la vallée de la Mina, dans le département d'Oran, la plaine du
Chéliff aux environs d'Orléansville, et la Mitidja dans le
département d'Alger, les plaines de Bône et de Philippeville dans
le département de Constantine.
Culture d'importation très ancienne, elle s'est vite implantée en
Algérie. Limitée toutefois, avant l'occupation française, à
quelques vergers, elle a pris un essor remarquable du fait de notre
colonisation. Cela n'a pas été sans à-coup, d'ailleurs, car la
concurrence des agrumes espagnoles et italiennes, sur tous les
marchés européens, est sérieuse. Mais les plantations n'en
couvrent pas moins de 8.000 hectares, dont plus de la moitié se
trouve dans le département d'Alger, et plus particulièrement dans
toute la bordure méridionale de la Mitidja. C'est là que se
trouvent les plus anciennes orangeries de la colonie; les agrumes y
sont à tel point répandues que les rues de Blida sont bordées
d'orangers, comme à Paris on orne les boulevards de marronniers ou
de platanes. Les cultures plus récentes des départements d'Oran
et. de Constantine occupent, chacune, 2 000 hectares, et sont en
progression constante : en moins de dix années elles se sont
accrues de 5 à 600 hectares.
La production moyenne des agrumes algériennes peut être évaluée
à 800.000 quintaux de fruits; assez variable d'ailleurs, elle
oscille entre 600.000 et 1 million de quintaux. La plus forte
production moyenne est celle du département d'Alger, dont les
plantations, anciennes, donnent 500.000 quintaux; dans le reste de
la colonie, les plantations plus récentes, dont une partie n'est
pas encore en pleine production, fournissent un rendement moindre:
125.000 en Oranie, 140.000 dans le département de Constantine. |
|
|
|
L'oranger est, de toutes les agrumes, le plus répandu; plus de 4.000
hectares lui sont consacrés et produisent, bon an mal an, 350.000 quintaux de
fruits rigoureusement sélectionnés et fort appréciés sur les marchés de
France et de l'étranger; les oranges algériennes, dont les variétés sont
nombreuses, sont souvent classées parmi les qualités de luxe, et celles de
Blida ou de Bougie font prime sur le marché londonien.
Le mandarinier n'est pas beaucoup moins important que l'oranger. Plus
de 3.000 hectares ont une production voisine de 400.000 quintaux. La mandarine
d'Algérie est goûtée du consommateur européen; la première venue sur les
marchés extérieurs, où elle fut longtemps la seule, elle a su y conserver,
par sa qualité, sa saveur, son bel aspect, une place prépondérante, malgré
la concurrence des mandarines espagnoles. Une mention spéciale, parmi les
mandarines, doit être faite à la clémentine: très précoce, elle paraît
avant les autres agrumes et, de ce fait, se vend à des prix élevés; bien
qu'elle soit d'introduction toute récente, elle a été aussitôt adoptée
par le consommateur de Paris ou de la province; un bel avenir lui est
réservé en Algérie.
Une place bien moins importante est donnée aux autres agrumes: citrons,
cédrats, kumquats, chinois, pamplemousses, etc... 700 hectares à peine
produisent 40 à 50.000 quintaux de fruits, consommés en grande partie sur
place.
Cette consommation locale, on s'en doute, est importante; ces fruits de choix
trouvent facilement preneurs dans le pays. II ne reste libre, pour
l'exportation, que le quart environ de la récolte; cela représente un peu
plus de 200.000 quintaux de fruits, chiffre qui n'est pas négligeable. Les
mandarines et les clémentines constituent la majeure partie des exportations,
150.000 quintaux; les expéditions d'oranges portent sur 50.000 quintaux; les
envois de citrons (3.000 quintaux) sont négligeables. Ces exportations valent
25 millions de francs.
C'est la Métropole qui en absorbe la plus grande quantité; mais l'Algérie
trouve à l'étranger d'intéressants débouchés, notamment pour ses
mandarines: Angleterre, Suisse, Hollande, Belgique, Allemagne, Danemark,
etc... sont autant de clients de plus en plus importants.
Les raisins de table. - L'Algérie produisait, dès avant la conquête,
des raisins de table pour la consommation locale; ceux de Kabylie, par
exemple, étaient fort appréciés.
|
|