Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 9 LES PRODUCTIONS ALGÉRIENNES Pages suivantes
- 28 - Table des matières - 29 -
   
   Les agrumes. - On donne le nom générique d'agrumes aux arbres appartenant au genre botanique des citrus. Cette appellation commode, d'origine italienne, permet de dénommer, sans confusion possible, toute une catégorie d'arbres, et au surplus leurs fruits. A cette catégorie appartiennent les orangers, les mandariniers, les citronniers, les cédratiers, les pamplemoussiers, etc...
 
La culture des agrumes est délicate, car elle exige une température moyenne élevée et des sols frais ou facilement irrigables, mais s'accommode mal du voisinage immédiat de la mer. C'est donc dans les vallées abritées et dans les plaines de la dépression sublittorale, où le sol est humide, ou qui présentent des possibilités d'irrigation, que nous rencontrerons les principales plantations: les plaines d'Oran, du Sig et de l'Habra, la vallée de la Mina, dans le département d'Oran, la plaine du Chéliff aux environs d'Orléansville, et la Mitidja dans le département d'Alger, les plaines de Bône et de Philippeville dans le département de Constantine.
 
Culture d'importation très ancienne, elle s'est vite implantée en Algérie. Limitée toutefois, avant l'occupation française, à quelques vergers, elle a pris un essor remarquable du fait de notre colonisation. Cela n'a pas été sans à-coup, d'ailleurs, car la concurrence des agrumes espagnoles et italiennes, sur tous les marchés européens, est sérieuse. Mais les plantations n'en couvrent pas moins de 8.000 hectares, dont plus de la moitié se trouve dans le département d'Alger, et plus particulièrement dans toute la bordure méridionale de la Mitidja. C'est là que se trouvent les plus anciennes orangeries de la colonie; les agrumes y sont à tel point répandues que les rues de Blida sont bordées d'orangers, comme à Paris on orne les boulevards de marronniers ou de platanes. Les cultures plus récentes des départements d'Oran et. de Constantine occupent, chacune, 2 000 hectares, et sont en progression constante : en moins de dix années elles se sont accrues de 5 à 600 hectares.
 
La production moyenne des agrumes algériennes peut être évaluée à 800.000 quintaux de fruits; assez variable d'ailleurs, elle oscille entre 600.000 et 1 million de quintaux. La plus forte production moyenne est celle du département d'Alger, dont les plantations, anciennes, donnent 500.000 quintaux; dans le reste de la colonie, les plantations plus récentes, dont une partie n'est pas encore en pleine production, fournissent un rendement moindre: 125.000 en Oranie, 140.000 dans le département de Constantine.
      

L'oranger est, de toutes les agrumes, le plus répandu; plus de 4.000 hectares lui sont consacrés et produisent, bon an mal an, 350.000 quintaux de fruits rigoureusement sélectionnés et fort appréciés sur les marchés de France et de l'étranger; les oranges algériennes, dont les variétés sont nombreuses, sont souvent classées parmi les qualités de luxe, et celles de Blida ou de Bougie font prime sur le marché londonien.

Le mandarinier n'est pas beaucoup moins important que l'oranger. Plus de 3.000 hectares ont une production voisine de 400.000 quintaux. La mandarine d'Algérie est goûtée du consommateur européen; la première venue sur les marchés extérieurs, où elle fut longtemps la seule, elle a su y conserver, par sa qualité, sa saveur, son bel aspect, une place prépondérante, malgré la concurrence des mandarines espagnoles. Une mention spéciale, parmi les mandarines, doit être faite à la clémentine: très précoce, elle paraît avant les autres agrumes et, de ce fait, se vend à des prix élevés; bien qu'elle soit d'introduction toute récente, elle a été aussitôt adoptée par le consommateur de Paris ou de la province; un bel avenir lui est réservé en Algérie.
Une place bien moins importante est donnée aux autres agrumes: citrons, cédrats, kumquats, chinois, pamplemousses, etc... 700 hectares à peine produisent 40 à 50.000 quintaux de fruits, consommés en grande partie sur place.
Cette consommation locale, on s'en doute, est importante; ces fruits de choix trouvent facilement preneurs dans le pays. II ne reste libre, pour l'exportation, que le quart environ de la récolte; cela représente un peu plus de 200.000 quintaux de fruits, chiffre qui n'est pas négligeable. Les mandarines et les clémentines constituent la majeure partie des exportations, 150.000 quintaux; les expéditions d'oranges portent sur 50.000 quintaux; les envois de citrons (3.000 quintaux) sont négligeables. Ces exportations valent 25 millions de francs.
C'est la Métropole qui en absorbe la plus grande quantité; mais l'Algérie trouve à l'étranger d'intéressants débouchés, notamment pour ses mandarines: Angleterre, Suisse, Hollande, Belgique, Allemagne, Danemark, etc... sont autant de clients de plus en plus importants.

Les raisins de table. - L'Algérie produisait, dès avant la conquête, des raisins de table pour la consommation locale; ceux de Kabylie, par exemple, étaient fort appréciés.

 
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes