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Mais la production en était assez peu importante et n'avait aucun
rapport avec celle d'aujourd'hui.
C'est vers la production de fruits précoces, et, principalement du
chasselas de Fontainebleau, introduit en 1860, que s'est nettement
tournée la culture du raisin de table. En certains points du
littoral particulièrement bien exposés, on rencontre de ces
cultures, petites parcelles entourées de haies artificielles, de
roseaux ou de lentisques qui protègent les vignes contre le siroco
et les vents marins : le chasselas de Guyotville, près d'Alger, est
renommé; tout le littoral algérois se prête à cette culture;
celui de Mostaganem et d'Arzew, de Bône et de Philippeville aussi.
La date précoce à laquelle mûrit le chasselas en Algérie (dès
les premiers jours de juillet) et son excellente qualité permettent
de l'écouler facilement, longtemps avant celui du midi de la
France, sur les marchés de consommation. Aussi fait-il l'objet
d'une importante exportation : 50.000 quintaux, valant une dizaine
de millions, sont chaque année expédiés en France (d'où ils sont
souvent réexportés) et à l'étranger.
Les prunes. - Aux premiers jours de mai, on voit
apparaître sur les marchés de Paris et de Londres les premières
prunes algériennes. Elles arrivent de la Mitidja, des plaines du
Sig et de l'Habra, des environs de Bône et de Philippeville, de la
région de Miliana. Les arrivages se succèdent, de plus en plus
importants; et jusqu'à la fin de l'été les marchés reçoivent
des prunes d'Algérie. Plus d'un million de kilos sont ainsi
expédiés de la colonie, qui consacre à cette culture des
superficies croissantes.. On compte que, dans peu d'armés, lorsque
les nouvelles plantations seront en plein rapport, le chiffre des
exportations sera décuplé.
La culture de la prune est surtout destinée au commerce
d'exportation. Les variétés cultivées sont en effet spécialement
choisies pour répondre au goût de la clientèle extérieure: il
faut mentionner tout spécialement la prune japonaise, qui
prend une réelle importance parmi les primeurs d'Algérie; c'est un
beau fruit de choix fort ;goûté du consommateur anglais; sa
précocité - il mûrit dès le début de juin - lui donne une
grande valeur, et sa maturité qui se prolonge jusqu'en août lui
permet d'alimenter longtemps les marchés. On fonde beaucoup
d'espoirs sur cette culture.
Les figues sèches. - La figue ne devrait pas être
classée parmi les primeurs d'Algérie, car ce n'est pas en tant que
primeur qu'elle occupe sa véritable place dans
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l'économie algérienne, à part un très petit commerce de figues fraîches,
qui trouvent surtout des débouchés dans la consommation locale; c'est en
effet le fruit séché qui intéresse l'exportation. Mais le figuier est un
arbre du Tell; à ce titre, il semble nécessaire de le citer avec les
cultures arbustives de cette région.
Ce n'est pas un arbre d'introduction récente; de tout temps l'indigène l'a
cultivé avec soin et a tiré de la figue sèche un des principaux éléments
de son alimentation. C'est en Kabylie surtout que le figuier est l'objet des
préoccupations du cultivateur, car on estime à 700 kilos la quantité de
figues sèches consommées annuellement par une famille kabyle de six
personnes: dans ces populations très prolifiques, qui s'accroissent chaque
année, il importe que l'une des sources de leur alimentation s'accroisse
proportionnellement; aussi le nombre des figuiers augmente-t-il sans cesse. On
en compte actuellement, dans toute l'Algérie, 5 à 6 millions.
La consommation locale, avons-nous dit, n'est pas le seul débouché des
figues sèches d'Algérie. L'exportation absorbe en effet plus de cent mille
quintaux, expédiés par les ports d'Alger et de Bougie. La majorité est
destinée à la consommation de table, et concurrence heureusement les
produits smyrniotes, espagnols et italiens. Mais une certaine quantité est
destinée à des usages industriels dont l'un des plus curieux est la
fabrication du café de figues.
La consommation de ce succédané du café est importante en Europe Centrale,
et surtout en Autriche et en Tchécoslovaquie, où existent plusieurs usines
qui se livrent à la torréfaction des figues de qualité inférieure. C'est
un débouché sérieux pour quelques produits d'Algérie. On utilise aussi les
figues pour la fabrication de l'alcool.
Il y aurait beaucoup à faire, semble-t-il, pour améliorer en Algérie les
procédés de séchage des figues. L'indigène, en effet, se contente
d'étaler les fruits au soleil pendant quelques jours. Survienne un été
pluvieux, c'est toute la récolte qui, faute de séchage, se trouve
compromise. Peut-être serait-il avantageux d'installer dans les principaux
centres de production des fours spéciaux : le supplément de dépense serait
facilement compensé, et au-delà, par l'augmentation certaine du prix de
vente.
Autres fruits. - D'autres cultures fruitières existent en Algérie,
mais dans de moindres proportions : pêches, brugnons, abricots, nèfles,
amandes mûrissent quinze jours avant leurs similaires de la Métropole; ces
fruits s'écoulent
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