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   sucrées; leur transparence leur a fait donner ce nom de déglet-nour, ou deglet-en-nour, qui signifie doigt de lumière. On ne compte qu'un million à peine de dattiers deglet-nour ; ce nombre augmentera encore - il a doublé en quelques années - au détriment des autres variétés, de valeur moindre, car le produit très recherché dans le monde entier alimente presqu'entièrement l'exportation et, de ce fait, est d'une grande valeur. La production des deglet-nour atteint actuellement 300.000 quintaux de fruits.
2° Les ghars, très molles, à chair très sucrée gorgée d'un sirop très fluide. On place les fruits en tas; on recueille le sirop ou miel de dattes; les fruits, dégorgés, sont entassés ensuite dans des sacs en poils de chameaux ou des peaux de chèvres pour former le pain de dattes, aliment principal ces caravanes, qui se conserve très longtemps. 3 millions et demi de palmiers ghars produisent 600.000 quintaux de dattes. Le mot ghars, ajoutons-nous, signifie robuste; il vient dé la rusticité du palmier appartenant à cette variété.
3° Les degla-beïda sont des dattes sèches, c'est-à-dire ne contenant pas, comme les précédentes, un miel sirupeux. Leur couleur blanchâtre leur a fait donner le nom de degla­beïda qui signifie doigt blanc. 2 millions et demi de palmiers degla-beïda fournissent un peu plus de 600.000 quintaux de fruits.
 
Commercialement, on distingue deux sortes de dattes les dattes fines, qui sont les deglet-nour, et les dattes communes, qui sont les ghars et les degla-beïda.
Ces dernières, jusqu'à présent, n'intéressent guère l'exportation; quelques milliers de quintaux, tout au plus, sont expédiés au Sénégal, pour la consommation des indigènes, et en Espagne, qui les utilise pour la fabrication de l'alcool. Cent kilos de dattes fournissent en effet 25 litres d'une très bonne eau-de-vie. La presque totalité des dattes communes est consommée par la population indigène.
Bien plus intéressantes sont les dattes fines. L'Algérie est à peu près le seul pays à en produire de grandes quantités. Cent à cent cinquante mille quintaux sont exportés chaque année, à destination de Marseille principalement; là existent de puissantes maisons, disposant d'importants débouchés, qui procèdent au triage des fruits, à leur mise en boîtes et à leur réexpédition dans le monde entier.
Mais en présence d'une production accrue dans des proportions considérables, il importe que les expéditeurs algériens étendent encore leurs débouchés. Ils s'y emploient d'ailleurs activement et s'efforcent de nouer, avec les
      

marches extérieurs, des relations directes; ils ont déjà obtenu de bons résultats, car les exportations vers l'étranger. qui étaient de 3.000 quintaux en 1913, sont passées, en 1928, à plus de 11.000 quintaux : la Tunisie, le Maroc, l'Angleterre achètent à l'Algérie des quantités croissantes de dattes.

Conserves de fruits et de légumes. Confitures. - On ne saurait parler de la culture des fruits et des légumes en Algérie sans dire quelques mots d'une industrie qui en est la conséquence et qui utilise une partie de la production la confiturerie et la fabrication des conserves.
Une telle extension des cultures fruitières et maraîchères et une aussi grande variété de produits devaient avoir en effet pour corollaire immédiat la création, dans les grands centres de production, de cette industrie de transformation. Tout en permettant d'accroître la récolte en lui assurant une vente constante, elle a l'avantage d'utiliser des fruits ou des légumes qui, sans être de mauvaise qualité, sont impropres à la vente pour l'exportation, soit parce qu'ils sont trop mûrs ou qu'ils n'ont pas bel aspect ou qu'ils sont d'une maturité trop tardive; en cas de mévente, enfin, ou de récolte trop abondante, elle procure un débouché presqu'illimité pour les produits dont on ne trouve pas le placement.
 
Son rôle économique est indéniable : bien des produits inexportables, que l'on jetait autrefois, sont maintenant transformés, et le cultivateur y trouve un surcroît de bénéfices. Cet intérêt, d'ailleurs, n'a pas échappé aux producteurs eux-mêmes, et l'on peut citer tel groupement agricole de la Mitidja qui a installé une importante usine de confitures où il utilise les produits de ses adhérents qu'il ne peut exporter.
Les usines sont nombreuses; avec l'accroissement de la production, leur nombre s'accroîtra encore : il en existe à Alger, à Oran, à Orléansville, à Perrégaux, à Relizane, à Bône, à Bougie, à Constantine, à Boufarik. Elles produisent toutes sortes de confitures de fruits, des fruits confits, des conserves de légumes (petits pois, haricots, artichauts, etc. ... ), des purées et des concentrés de tomates. Une grande partie de la consommation locale est assurée par ces fabriques qui sont à même de répondre à tous les goûts de la clientèle. Elles peuvent même exporter des quantités de confitures et de conserves qui s'accroissent tous les ans : 10 à 15.000 quintaux de conserves de légumes, 2 à 3.000 de confitures, 2 à 300 de fruits confits, pour une valeur totale dune dizaine de millions de francs.

 
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