VI. - Les cultures industrielles
Le Tabac. - Le tabac est, de toutes les cultures
industrielles, la plus importante en Algérie. Les autres (coton,
lin, ricin, plantes aromatiques) n'occupent guère qu'une surface
égale au tiers de celle qui lui est consacrée.
A ce titre seulement, le tabac mériterait une mention spéciale.
Mais il joue, d'ans la colonie, un rôle économique de premier
plan. C'est en effet par vingtaines de mille, par trentaines de
mille que l'on peut estimer le nombre de personnes qu'il fait vivre,
tant du fait de sa culture que de son industrialisation. Et la
valeur seule des exportations de tabacs brut et fabriqué approche
deux cents millions de francs, soit environ le vingtième des
exportations totales d'Algérie.
La liberté de culture et de fabrication dont le tabac bénéficie
en Algérie n'a pas été pour peu de chose dans le développement
qu'il a pris depuis une trentaine d'années et particulièrement
depuis la guerre. Aucune entrave en effet n'est apportée par
l'Administration; quiconque veut utiliser du tabac, ou se livrer à
son industrialisation, est autorisé à le faire; il lui suffit de
faire une déclaration et de laisser contrôler par des agents de l'État
sa culture et sa fabrication.
Il résulte de cette liberté une concurrence intense dans la vente
des produits fabriqués, par voie de conséquence des prix
excessivement bas qui ne peuvent qu'être favorables au
développement de la consommation. Celle-ci est en Algérie
considérable ; on peut l'estimer à près de 100.000 quintaux par
an.
Une autre cause de l'extension de la culture du tabac réside dans
les hauts cours pratiqués dès le début de la guerre, qui ne
pouvaient qu'inciter les cultivateurs à consacrer à cette plante,
dans toutes les régions où cela était possible, des surfaces de
plus en plus grandes. Celles-ci, depuis 1913, ont en effet plus que
doublé; elles se maintiennent actuellement entre 25 et 30.000
hectares.
Il ne serait pas exact de dire que le tabac est une plante
d'introduction française. Longtemps avant la conquête, plus de
cent ans avant, on signalait en Afrique du Nord des cultures de grand
tabac, ou tabac à fumer, et de petit tabac, ou tabac
à priser. Peut-être doit-on aux Turcs l'introduction en
Afrique de cette plante américaine.
C'est à la bonne venue et à l'excellente qualité des tabacs
provenant
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