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   Au premier rang, nous devons placer le géranium-rosat, qui couvre environ 4.000 hectares. Cette culture d'origine française a été implantée en Algérie par des colons originaires de Grasse. La plante, qui est de la famille du géranium cultivé dans les jardins pour l'ornement, a ceci de particulier que sa feuille contient une huile essentielle, le géraniol, dont l'odeur rappelle celle de la rose. Il suffit donc de distiller la plante pour obtenir cette essence très recherchée par la parfumerie, qui l'utilise non seulement pour fabriquer des essences de rose à bon marché, mais encore des parfums de fleurs très variés (violette, oeillet, etc.... etc.... ). L'emploi de l'essence de géranium est de plus en plus répandu, et la demande de la parfumerie est active.
La culture du géranium est localisée dans la Mitidja; on ne rencontre, dans le département de Constantine, que 2 à 300 hectares. La production dépasse, en année moyenne, 60.000 kilos d'essence, qui sont presqu'entièrement exportés, pour près de la moitié en France, le reste à destination de l'étranger, et plus particulièrement des États-Unis, qui en font une forte consommation.
 
Les autres plantes à parfum (rosier, bigaradier, cassie, verveine, citronnelle, etc....) ne couvrent qu'une cinquantaine d'hectares, situés en presque totalité dans la Mitidja. La production est comprise entre 2 et 300 kilos d'essence.
 
On ne citera le lin que pour mémoire; sa culture est en régression constante et n'occupe plus qu'une centaine d'hectares. Il est cultivé pour la graine, dont il produit environ 500 quintaux. Il donne une filasse abondante mais grossière, qui n'est utilisée que pour !la fabrication de l'étoupe. Sans doute pourrait-on cultiver le lin pour la production de filasses; mais, jusqu'à présent, on s'est heurté à des difficultés de rouissage en rivière insurmontables, dues au manque d'eau. Des procédés nouveaux, exigeant de bien moindres quantités d'eau, pourraient sans doute être utilisés; des usines fonctionnent en Tunisie et au Maroc pour leur exploitation. Mais, jusqu'à présent, la culture du lin ne semble pas appelée à un grand développement en Algérie.
 
Plus intéressant est le ricin. Sa graine fournit une huile très employée actuellement dans le graissage des moteurs à explosion, ceux de l'aviation en particulier. On a beaucoup préconisé sa culture en Algérie dans les dernières années, car la France est tributaire de l'Extrême-Orient pour le ricin qui lui est nécessaire. A la fin de la guerre, à la demande
      

de l'Administration, des superficies importantes furent consacrées au ricin; mais, faute de débouchés, la culture fut abandonnée. Elle a été reprise l'année dernière, dans le département d'Oran. Actuellement le Service des Poudres achète toute la production algérienne. Les résultats obtenus ont été très satisfaisants et ne pourront qu'encourager le développement de cette culture intéressante au plus haut chef pour la défense nationale.
 

CHAPITRE II

Les productions végétales naturelles

C'est à la colonisation française que revient le mérite de l'exploitation et de la mise en valeur des richesses naturelles produites par le sol algérien. On peut dire qu'elles ont largement contribué au développement économique de l'Algérie: alfa, crin végétal, liège sont des productions essentiellement algériennes; leur récolte et leur industrialisation sont une source de revenus considérable pour des populations entières, pour des milliers d'individus. Leur rôle économique et social a, dans la vie de l'Algérie, une importance considérable; pour s'en faire une idée, il suffira de savoir que la valeur de leurs exportations dépasse 225 millions de francs, plus du vingtième des exportations totales.

1. - L'alfa

L'alfa, plante de la steppe, nous conduit sur les Hauts-Plateaux.
 
A perte de vue, des espaces plats ou à peine vallonnés n'étendent devant nous, couverts d'une herbe verte au printemps, grisâtre en été, qui ondule sans arrêt sous les rafales de vent. On dirait d'une mer agitée par la brise : c'est la mer d'alfa.
 
Elle couvre 4 millions d'hectares sur les Hauts-Plateaux, de la frontière marocaine à la frontière tunisienne; à l'ouest, elle déborde jusque dans le Tell, atteignant le littoral; au centre, elle couvre quelques milliers d'hectares dans le Sahara.

 
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