Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 9 LES PRODUCTIONS ALGÉRIENNES Pages suivantes
- 48 - Table des matières - 49 -
   
   Fig. 16. - LA RÉCOLTE DE L'ALFA SUR LES HAUTS-PLATEAUX ORANAIS L'ouvrier enroule sur un bâtonnet les feuilles. qu'il va arracher; par une légère traction, il les détache de la souche.       

L'alfa exige une faible pluviométrie (moins de 50 cm. de pluies par an) et des terrains perméables et secs : à cet égard, tout le département d'Oran, du Nord au Sud, lui convient; il y occupe près de treize cent mille hectares, plus du double si l'on ajoute les peuplements des annexes de Méchéria et de Géryville, appartenant administrativement aux Territoires du Sud mais géographiquement aux Hauts-Plateaux Oranais. La pluviométrie est déjà plus élevée dans le département d'Alger: les peuplements d'alfa ne s'étendent que sur 6 à 700.000 hectares. Sur les Hauts-Plateaux Constantinois, mieux arrosés encore, plus étroits aussi, on ne trouve plus que 600.000 hectares. La densité alfatière va donc en diminuant de l'Ouest à l'Est.
 
L'emploi de l'alfa dans la fabrication du papier remonte au milieu du siècle dernier; il est dû aux recherches d'un papetier écossais. Un centre de manipulation et d'embarquement de l'alfa fut créé à Arzew par cet industriel : en 1870, 42.000 tonnes étaient déjà expédiées en Écosse ; dix ans plus tard, les exportations atteignaient 80.000 tonnes. Elles s'établissaient, dans les années qui précédèrent la guerre, autour de 110.000 tonnes. Elles dépassent actuellement 200.000 tonnes. Progression rapide, on le voit, qui est la preuve de l'activité croissante des chantiers d'exploitation.
 
L'alfa est une graminée vivace. La feuille contient une fibre très fine et très résistante. Elle se détache facilement de la souche et il suffit d'une traction très légère pour l'en séparer. Nous avons vu que les climats secs lui conviennent; il lui faut aussi des étés chauds, mais il s'accommode très bien, en hiver, de basses températures: c'est ainsi qu'à El-Aricha, sur les Hauts-Plateaux Oranais, il supporte 12 à 16° de froid. Sa rusticité, ses exigences très faibles, on le voit, en font une plante de la steppe; il en est presque l'unique ressource, il en est en même temps la richesse.
 
Il faut, en effet, pour sa cueillette, une nombreuse main-d'œuvre, quelque peu expérimentée. On la trouvait autrefois parmi les immigrés espagnols de l'Oranie - car l'Espagne, elle aussi, possède des peuplements d'alfa exploités avant ceux d'Algérie; -maintenant, les tribus indigènes nomades qui viennent, à l'époque de la récolte, camper à proximité des chantiers la fournissent en abondance : hommes, femmes, enfants, des plus jeunes aux plus vieux, tous sont occupés à l'arrachage de l'alfa. Ils apportent leur cueillette au chantier de pesage; l'alfa, pesé, est payé aussitôt.

 
Fig. 17. - LE TRANSPORT DE L'ALFA - L'alfa récolté est transporté à dos de chameau au chantier où il sera pesé.
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes