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   le seul département de Constantine, où ils couvrent les versants de la chaîne littoralienne : Grande Kabylie, Kabylie des Babor, massif de l'Edough. Dans le département d'Alger, on ne compte plus que 40.000 ha., en Kabylie; en Oranie, moins de 10.000 hectares sont répartis dans le Sahel d'Oran et dans les régions de Mascara et de Tlemcen.
Pour mettre en valeur une forêt de chênes-liège, il ne suffit pas d'écorcer l'arbre. L'écorçage, pour être fait sans nuire à l'avenir de la forêt, exige un nombreux personnel de surveillance; pour évacuer le liège, il faut construire des routes et des chemins; enfin, la première récolte ne donne qu'un liège de peu de valeur, le liège vierge ou mâle, et l'on doit attendre une dizaine d'années avant de récolter un liège propre à la vente, ou marchand, appelé encore liège de reproduction.
 
La mise en valeur d'une forêt de 450.000 hectares aurait donc nécessité une mise de fonds que l'Administration algérienne, ne disposant, au début de l'occupation, que de faibles ressources, ne pouvait effectuer. Elle dut donc en aliéner une bonne partie. Il reste actuellement 275.000 hectares gérés par l'État, qui sont presque complètement exploités, et dont la production annuelle atteint 12 à 13.000 tonnes. Si l'on ajoute à cette production celle des forêts privées, qui est de 20 à 30.000 tonnes, on arrive à un minimum d'une quarantaine de mille tonnes, représentant le total des ressources de l'Algérie.
 
L'existence de ces richesses, la production rapidement accrue des forêts algériennes, ne pouvaient qu'encourager l'industrialisation sur place d'une partie au moins du liège récolté. La moitié de la production algérienne est mise en oeuvre par l'industrie locale, qui compte plus de 80 ateliers situés à proximité des forêts et emploie 4.000 ouvriers. Certains de ces établissements ont la proportion de véritables usines : un d'eux, à Bône, occupe 850 à 1.000 personnes; un autre, à Alger, en emploie plus de 300; un troisième, à Azazga, en Kabylie, en compte 281.
L'industrie algérienne du liège fabrique le plus généralement les objets les plus divers: bouchons, carrés, disques, ustensiles de pêche, tapis de bain, etc... Mais il est des établissements qui sont spécialisés dans la préparation du liège pour la vente, préparation indispensable avant toute utilisation; le produit obtenu après râclage, bouillage et pressage du liège marchand, puis découpage et triage suivant la qualité et l'épaisseur, prend le nom de liège en planches régulières. L'industrie en livre à l'expor­tation 15 à 20.000 tonnes.
      

Les débris provenant de la fabrication du liège sont exportés par les usines algériennes, qui en expédient à l'extérieur 12.000 tonnes. Notons enfin qu'après avoir satisfait aux besoins de la consommation locale, les manufactures livrent à l'exportation 1.200 à 1.500 tonnes de bouchons et 2 à 400 d'ouvrages divers.
 
Les produits qui n'ont pas été utilisés par l'industrie sont exportés: on compte 15 à 20.000 tonnes de liège vierge et, 3.000 tonnes de liège , marchand non préparé (liège brut proprement dit).
 
Les exportations algériennes atteignent au total 45 à 50.000 tonnes, représentant une valeur de plus de 90 millions de francs.
Nous avons énuméré plus haut quelques utilisations du liège. Il en est d'autres qui, depuis quelques années, ont pris une grande importance.
 
Telle par exemple l'industrie du linoléum : ce produit est un mélange de poudre de liège, d'huile de lin et de siccatif qu'on étend sur une toile ou sur du papier; celle des briques et des panneaux isolants, fabriqués en comprimant du liège granulé additionné d'un liant (chaux, plâtre, goudron, etc... ), qui utilisent la double propriété du liège d'être mauvais conducteur de la chaleur et d'amortir les sons, et dont on se sert pour le revêtement intérieur des appartements et des chambres frigorifiques. Ces produits permettent d'employer bon nombre de lièges réputés autrefois de rebut : liège mâle, débris et déchets provenant des autres industries. Enfin, les produits trop minces pour la bouchonnnerie trouvent leur utilisation dans la fabrication des rondelles qu'on applique au fond des capsules métalliques servant au bouchage des bouteilles.
Ce rapide examen des emplois multiples du liège laisse entrevoir l'intérêt considérable de ce produit, avec lequel rien ne se perd.

IV. - Produits forestiers divers

Nous ne quitterons pas les forêts algériennes sans passer une revue rapide des richesses, autres que le liège, qu'elles recèlent.
Richesses peu importantes, d'ailleurs, qui sont encore loin d'avoir la valeur du liège, mais dont l'exploitation rationnelle ne peut qu'être profitable.
On compte, en effet, un peu plus de 3 millions d'hectares de forêts.

 
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