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   aussi doit-il être fait appel à l'extérieur pour une vingtaine de mille quintaux de cuir, 1.500 de chaussures et 3.000 d'autres ouvrages en peau, valant au total une centaine de millions. L'Algérie se trouve donc, de ce fait, en déficit de 80 millions environ, déficit qui se trouve d'ailleurs comblé par les exportations de peaux brutes.
Si l'industrie du cuir était en mesure de mettre en oeuvre toute la production algérienne, ce qui ne tardera pas, il est vraisemblable que la colonie, tout en satisfaisant à ses besoins, serait en état d'occuper, dans le commerce mondial du cuir, une place importante et verrait sa balance commerciale, en cet article, pencher nettement du côté des exportations.
Il n'est pas sans intérêt de constater, toutefois, les résultats actuels d'une industrie encore peu développée.

CHAPITRE II

La pêche maritime

L'Algérie possède, sur la Méditerranée, une façade longue de 1.100 kilomètres en ligne droite, dont l'étendue. compte tenu des sinuosités du rivage, atteint 1.300 kilomètres. Elle était donc, de ce fait, prédisposée au développement de la pêche maritime. La Méditerranée est, de plus, une mer chaude, peu agitée de courants, qui entretient, d'un bout de l'année à l'autre, tous les éléments végétaux ou animaux nécessaires à l'alimentation de quantités innombrables de poissons.
En fait, elle est fort poissonneuse: les poissons migrateurs, entraînés par le courant qui, passant par le détroit de Gibraltar, déverse sans arrêt les eaux de l'Atlantique dans la Méditerranée, y arrivent en bancs serrés, entraînant à leur suite des squales ou des cétacés, parfois même des phoques. Les pêches sont souvent miraculeuses, et les barques rentrent au port pleines à craquer de poissons, les filets rompus par l'abondance de la prise.
 
On peut donc, s'étonner à bon droit que, lors de l'occupation française, la pêche en mer ait été à peu prés inconnue sur les côtes algériennes. Il y a à cela plusieurs raisons. Nous citerons tout d'abord l'aversion qu'éprouvait l'indigène pour la mer, aversion qui, heureusement, disparaît

      

aujourd'hui. Et puis la côte peu découpée n'offre pas d'abris naturels; il a fallu l'intervention de la France pour que des ports soient construits à grands frais; comment des pêcheurs auraient-ils pu, auparavant, abriter leurs frêles embarcations dans des baies ouvertes à tous les vents et à toutes les tempêtes? Enfin, la dernière cause tient au caractère même de la Méditerranée: c'est une mer sujette à de brusques tempêtes, des tempêtes désordonnées, rapides, qui s'arrêtent aussi vite qu'elles ont commencé, prenant au dépourvu le marin; on les prévoit difficilement, aussi le pêcheur n'aime pas prendre la mer lorsque le temps est tant soit peu menaçant, s'il disposé surtout de barques mal amarinées. On conçoit donc que la pêche ait autrefois peu tenté l'indigène.
 
Il fallait l'occupation française pour amener, assez lentement d'ailleurs, la création de cette industrie. Le développement fut peu important tout d'abord : les quelques pêcheurs européens qui vinrent les premiers s'installer sur les côtes algériennes provenaient pour la plupart des plus mauvaises populations maritimes d'Espagne ou d'Italie Paresseux, arriérés, réfractaires à tout progrès, ils se contentaient de pêcher, à quelques centaines de mètres du rivage, les poissons des hauts fonds qui rapidement s'épuisèrent. Car la côte algérienne est ainsi faite qu'après un seuil de faible profondeur qui s'éloigne du rivage d'au plus 200 ou 300 mètres, la sonde révèle aussitôt des bas-fonds considérables. Le poisson blanc, qui vit sur les fonds, est donc peu abondant; le raclage continuel de ce seuil de faible épaisseur ne pouvait donc qu'en amener la destruction.
 
Aussi tenta-t-on une colonisation maritime comme on avait effectué une colonisation agricole: des villages, des centres de pêche furent créés et peuplés de pêcheurs. Mais ce n'est que depuis une vingtaine d'années, depuis la création d'une inspection des pêches maritimes, que cette industrie a pris un réel développement. Outre que les pêcheurs ont été éduqués, les capitaux métropolitains se sont vivement intéressés à une production algérienne pleine d'avenir.
La Méditerranée, en effet, dans ses zones de grandes profondeurs, contient d'inépuisables richesses en poissons de surface, ou poissons bleus: sardine, anchois, thon. maquereau, bonite, etc... Pour les pêches, il suffit de s'éloigner du rivage, mais l'emploi de navires solides et d' équipages expérimentés est nécessaire.
Le développement a été rapide: à l'heure actuelle, plus de 1.000 bateaux, dont une centaine de vapeurs et de nombreuses embarcations à moteur, emploient un équipage

 
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