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   pourvue par la production métropolitaine, qui est d'environ quarante millions de tonnes, n'absorbe qu'une faible partie du minerai algérien, 25 à 30.000 tonnes environ- Le reste, c'est-à-dire la presque totalité de la production, est expédié à l'étranger: 1 million de tonnes en Angleterre, 6 à 700.000 en Hollande, 2 à 300.000 aux États-Unis, 70.000 en Allemagne, 40.000 en Italie, 15.000 en Belgique; les autres acheteurs, plus ou moins réguliers, sont l'Autriche, la Norvège, le Canada.
On pourrait, avec quelque raison, se demander pourquoi cette présence, en grande quantité, de minerai de fer dans le sous-sol algérien et cette puissante industrie extractive n'ont pas donné naissance à une importante industrie métallurgique, à la création de hauts-fourneaux. Nous avons vu, en effet, la production des phosphates provoquer la création d'usines de superphosphates, l'existence du troupeau faire naître l'industrie de la tannerie, la culture du tabac avoir pour conséquence l'installation de nombreuses manufactures, etc... Rien ne semble, somme toute, s'opposer à l'industrie sidérurgique en Algérie, puisque d'autres industries ont pu naître.
En fait, il a existé près de Bône, il y a un peu moins de quatre-vingts ans, un haut-fourneau qui produisait annuellement 2.000 à 2.500 tonnes de fonte aciéreuse d'excellente qualité. La production eût pu être doublée; mais la fabrication exigeait chaque jour 120 quintaux de charbon de bois provenant des forêts de l'Edough et des Beni-Salah, et l'on ne put mettre à feu, faute de combustible, le second haut-fourneau qui venait d'être terminé; le premier dut même être éteint pour la même raison.
Le manque de charbon est en effet, en Algérie, l'obstacle principal de la sidérurgie. L'économie de cette industrie est telle qu'il est préférable, en l'état actuel des choses, de transporter le minerai de fer à proximité des charbonnages que d'amener le charbon sur les lieux de production du minerai.
Mais un jour viendra à coup sûr où le minerai algérien sera transformé en Algérie. Il n'est pas d'exemple en effet que les pays producteurs ne s'outillent pour mettre en oeuvre leur propre production. Le cas se présente, bien typique, pour les États-Unis, qui tendent à utiliser tout le coton qu'ils récoltent; pour l'Australie, qui voit naître une industrie lainière. Rien n'empêche qu'un jour l'Algérie ne construise aussi des hauts-fourneaux, principalement lorsque le sous-sol de la colonie, qui n'a pas encore livré tous ses secrets, sera en mesure de fournir le charbon nécessaire.
      

III. - Les combustibles minéraux

Jusqu'à présent, le sous-sol, qui se montre si prodigue de produits minéraux de toutes sortes, est plutôt avare de combustibles. C'est grand dommage, car l'Algérie doit importer 900.000 tonnes de houille, près de 2 millions d'hectolitres de pétrole et d'essence, 46.000 tonnes d'huiles lourdes. Elle débourse, pour cela, plus de 280 millions de francs, et les besoins de son industrie en plein développement ne feront qu'accroître- d'année en année les dépenses de cet ordre.
 
Aussi y aurait-il le plus grand intérêt à ce qu'existassent et fussent découverts des gisements importants de combustibles minéraux.
Il n'y a là rien d'absolument impossible. L'inventaire minéralogique de 1904 concluait à l'impossibilité de trouver de la houille en Algérie: cependant, trois ans plus tard, on découvrait dans le Sud-Oranais, à Kénadsa, la présence de petites veines de charbon. Ces veines sans importance étaient l'indice, toutefois, d'un important gisement, actuellement en pleine activité, qui produit annuellement 15 à 25.000 tonnes de houille, et qui, selon les découvertes toutes récentes, paraît se prolonger dans le Maroc.
On peut donc, de ce côté-là, fonder quelques espérances.
 
Du côté des combustibles liquides, mêmes espoirs: la production de pétrole, à l'heure actuelle, bien qu'assez peu développée, dépasse 3.000 tonnes.
C'est peu de chose encore en regard des importations, mais, nous le répétons, la géologie de l'Algérie est encore peu connue, celle du Sud en particulier, et peut-être découvrira-t-on, dans un avenir prochain, de nouvelles richesses qui permettront à l'Algérie de se passer des combustibles de l'extérieur.
 
En l'état actuel de la question, nous nous trouvons surtout, en Algérie, en présence de combustibles solides de peu de valeur. Les gisements de lignite sont nombreux, mais fournissent un combustible très cendreux, difficilement utilisable dans l'industrie; aussi ne sont-ils pas exploités. Reste le gisement de Kenadsa, qui produit un charbon de terre de bonne qualité, présentant à peu de choses près les caractéristiques du charbon demi-gras de Newport ou de Cardiff.
Situé à 25 kilomètres au Sud de Colomb-Béchar, il a fallu, pour son exploitation, commencée en pleine guerre,

 
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