|
Le maréchal Clausel joignit à
cette solution politique un nouveau plan de défense avancée,
reposant sur l'occupation des hauteurs de Demous et sur
l'abandon de la plaine. Les travaux, dans ce sens,
commencèrent immédiatement : le chef de bataillon du génie
Charron leur donna l'impulsion la plus rapide ; nous citerons
seulement les principaux ; achèvement d'un mur d'enceinte à
peu près dirigé comme celui des Romains, dans le but de
restreindre la place, terminé et armé le 11 novembre ;
érection du grand fort Clausel à Demous ; transfert près de
lui du blockhaus de la plaine ; sous le nom de blockhaus
Rapatel ; remaniement de la maison crénelée, avec addition
d'un réduit en forme de tour ; postes de Toati, du cimetière
; celui de Mangin et le blockhaus d'Oriac, qui rappellent la
mémoire des jeunes officiers tués à la prise de Bougie ;
chemins et rampes pour communiquer facilement entre ces divers
points en cas d'attaque ; enfin, à l'intérieur, achèvement
de l'hôpital Bridja , élargissement des rues, création de
places d'armes et de rassemblement, etc.
La construction du fort Clausel, sur un point avancé,
offrait une de ces occasions d'attaque dont les Kabyles
n'avaient jamais manqué de profiter. Fidèles à leurs
antécédents, ils s'y présentèrent à diverses reprises,
depuis le 7 jusqu'au 19 novembre (1), particulièrement dans
les journées des 10 et 11, où leur nombre dépassa 4,000.
Partout la garnison, numériquement très inférieure les
repoussa victorieusement ; il y eut là quelques épisodes
glorieux pour le corps des zouaves.
Ainsi, l'occupation de Bougie, semble changer complètement
de nature, et s'asseoir en conséquence sur des bases
nouvelles. On renonce à l'espoir d'y créer soit par les
armes, soit par le commerce, un centre d'influence française
sur la Grande Kabylie. Ce n'est plus qu'un point de la côte
où l'on maintient la conquête comme un fait accompli, et
dans des prévisions d'avenir à peu
|
|
(1) Voir la note
D.
|
|
|
|
|
près indéterminées.
Par conséquent aussi, le rôle de la garnison, celui du
commandement supérieur prennent un autre aspect. Le chef n'a
plus à se préoccuper d'aucun résultat politique ; ses
forces ne sont pas assez respectables pour lui permettre d'y prétendre.
Militairement, il se renfermera dans une défensive absolue ;
de petites sorties lui sont permises pour se dégager au
besoin, mais l'offensive réelle est interdite. Les
instructions précises du gouvernement central ne cessent
d'insister sur ce rôle modeste, et d'en conclure à des
économies nouvelles soit en hommes, soit en argent.
On calcule déjà qu'environ, cent baïonnettes pour le
fort Gouraya et ses accessoires, autant pour le fort Clausel
avec ses dépendances, et un millier au corps de place
devraient parfaitement suffire, et qu'ainsi l'effectif total
pourrait descendre peu à peu jusqu'à 1,800 ou 1,500 hommes.
Le colonel de la Rochette entreprend de faciliter cette
réduction, d'abord par l'appel sous les armes de tous les
habitants civils qui forment de suite une compagnie de cent
hommes ; en second lieu, par la création d'une compagnie
franche, composée des soldats du bataillon d'Afrique les plus
déterminés, les plus propre à la guerre d'embuscade. Cent
cinquante, choisis, armés, équipés et instruits tout
exprès seront placés sous les ordres du capitaine Blanqui,
l'officier le plus apte à former un corps spécial de ce
genre. En effet, à peine organisée, la compagnie franche
fait ses preuves, le 15 avril, par une charge vigoureuse sur
cinq cents Kabyles embusqués près du fort Clausel, et par
l'incendie du village d'Eydoun, au-delà duquel s'était
étendue la poursuite. |
|
VI. |
|
Le 20 avril 1836, le commandant
supérieur, élevé depuis plusieurs mois au grade de colonel
quitte Bougie. |
|
|