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  L'ALGÉRIE de 1890 à 1914. La renaissance coloniale.  
     
  
Chaque année, sans se lasser, M. Cambon proposait au gouvernement quelque combinaison nouvelle et chaque année l'occupation des oasis était ajournée. A défaut d'une expédition que le gouvernement interdisait, on s'efforça d'utiliser certaines influences. En 1891, M. Cambon fit venir du Maroc à Alger le vieux chérif d'Ouezzan, Moulay-Abdes-Selam, et l'envoya dans le Touat, où il mit à notre service son prestige religieux. En 1892, le gouverneur général, en compagnie du général Thomassin, se rendit à El-Goléa et y reçut les hommages du chef de la grande famille des Ouled-Sidi-Cheikh, Si-Kaddour, qui, depuis la fin de l'insurrection, s'était tenu à l'écart sur les confins du Maroc; on essaya de reprendre avec ce personnage la politique qui nous avait donné jadis, avec le concours de son père Si-Hamza, le sultanat d'Ouargla. Les travaux du chemin de fer de Djenien-bou-Rezg, le long de la frontière marocaine, furent activés. Quelques bordjs fortifiés jalonnant la route des oasis sahariennes furent construits au delà de nos possessions, à Hassi-Inifel sur l'Oued Mya, à Hassi-bel-Haïrane (Fort-Lallemand) dans le couloir de l'Igharghar, à Hassi-Chebaba (Fort-Miribel) et à Hassi-el-Homeur (Fort-Mac-Mahon) au Sud et au Sud-Ouest d'El-Goléa. Le général de La Roque, qui commandait à Constantine, prit contact avec les Touaregs ; une délégation conduite par Abden-Nebi, petit-neveu de Cheikh-Othman, l'ami et le fidèle compagnon de Duveyrier, se rendit à Alger.

Les rapides progrès de la domination française dans l'Afrique occidentale contribuaient à resserrer autour du désert les deux branches de l'étau. En 1895, Tombouctou était occupée; en 1898, un administrateur algérien, Coppolani, entreprenait en Mauritanie une campagne de pacification; une "course au lac Tchad " s'organisait de 1892 à 1897, avec les missions Crampel, Dybowski, Maistre, Gentil. Les conventions franco-anglaises de mars 1898 et de juin 1899 achevaient la délimitation du Sahara, attribuant à la France tout l'arrière-pays, y compris l'Ouadaï et le Tibesti (1). Le Soudan français devenait ainsi dans toute son étendue limitrophe du Sahara, dont la pacification devenait pour lui comme pour l'Algérie un important problème.

En 1898, l'explorateur Foureau, avec une escorte de 300 hommes placée sous les ordres du commandant Lamy, reprenant le plan de Flatters dans des conditions meilleures et qui assurèrent le succès, réussissait à traverser le Sahara par le pays des Azdjer et l'Aïr et aboutissait au Tchad, où il opérait sa jonction avec la mission Gentil qui venait du Congo et du Chari, et avec la mission Joalland-Meynier, qui avait succédé à la mission Voulet-Chanoine et s'était avancée du Niger au Tchad.


(1) Voir le texte de la convention franco-anglaise du 14 juin 1898 qui reconnaît à la France tous les territoires qui s'étendent du bassin du Congo au bassin du Niger et jusqu'à la Méditerranée, acte constituant notre vaste empire africain, dans G. HANOTAUX, Le Partage de l'Afrique : Fachoda, Flammarion, 1909.
 
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