La pénétration saharienne, si
longtemps interrompue, marche à pas de géant dans les
premières années du vingtième siècle. La période de 1900
à 1912 est, à cet égard, absolument décisive. C'est à ce
moment que l'empire français d'Afrique se constitue
véritablement, que ses divers tronçons se soudent, que la
question saharienne se règle, que le problème marocain enfin
reçoit la solution qu'exigeaient nos intérêts africains.
Les oasis du Sud-Ouest furent occupées à la suite de
l'attaque de la mission Flamand, dont l'escorte, commandée
par le capitaine Pein, s'empara d'In-Salah en décembre 1899.
L'occupation fut maintenue, mais on ne se décida pas sans
quelque hésitation à lui donner la suite qu'elle comportait;
les à-coups et les lenteurs rendirent l'opération plus
coûteuse. En mars 1900, on résolut d'en finir avec les oasis
du Touat. Une colonne, sous les ordres du colonel d'Eu, acheva
la prise de possession du Tidikelt, non sans avoir eu un
combat acharné à soutenir dans l'oasis d'Inrar, située à
50 kilomètres d'In-Salah. D'autre part, la colonne Bertrand,
forte de 2 000 hommes, partie de Duveyrier, occupait Igli sans
coup férir. Des forces venues d'El-Goléa et de Géryville
convergeaient sur Tabelkoza et Timmimoun et occupaient le
Gourara. Enfin le général Servière recevait la soumission
des ksours du Touat et entrait le 30 juillet 1900 à Adrar.
Certaines oasis du Gourara avaient fait appel aux Beraber pour
organiser la résistance à notre domination. Les sanglants
combats de Sahela-Metarfa (30 août et 5 septembre 1900), de
Timmimoun et de Charouin (18 et 28 février 1901) nous
montrèrent que notre sécurité était loin d'être complète
de ce côté. Cependant, au printemps de 1901, la "
question du Touat " peut être considérée comme
résolue.
La prise de possession des oasis ne s'était pas opérée
sans d'assez grandes difficultés, les unes inhérentes à
l'opération elle-même, les autres résultant des erreurs de
méthode consistant à accumuler inutilement dans ces régions
pauvres de lourds et onéreux effectifs de troupes
régulières, qui ne pouvaient y subsister qu'au prix
d'énormes sacrifices d'argent et d'animaux. |