D'un autre part, s'il est vrai de
dire que l'ensemble de la Kabylie nous appartient dès à
présent, ne doit on pas ajouter aussi qu'elle sera prospère
ou misérable, se complaira dans une soumission paisible ou
nous fatiguera de ses révoltes incessantes, selon les
principes de gouvernement dont nous lui ferons l'application ?
Quelques avis d'hommes pratiques sur cette matière délicate
ne manqueraient donc pas d'utilité. Nous leur consacrerons
nos dernières pages.
Le pays des Zouaouas embrasse la portion la plus haute, la
plus aride des montagnes. Les terres cultivables y sont
très-rares : on les travaille à la pioche, et il s'en faut
de beaucoup qu'elles elles fournissent le grain nécessaire à
l'alimentation des habitants. Ceux-ci mêmes les consacrent de
préférence au jardinage ; ils en tirent des artichauts, des
lentilles, des fèves, des pois, des haricots, des navets, du
poivre rouge ; ils ont aussi des plantations de lin et de
tabac ; ils entre tiennent des ruches à miel. Les fruits ne
manquent pas : on trouve des kharoubes, des olives, des
figues, du raisin, des grenades, des coings, des abricots, des
pêches, des poires et des pommes. Le gland doux abonde
surtout : il est un des principaux éléments de la nourriture
des Zouaouas, qui le mangent grillé ou en font une espèce de
couscoussou par le mélange de sa farine avec celle de l'orge.
La chasse leur vient en aide, surtout à certaines
époques. Ils se servent de petit plomb qu'ils fabriquent ou
nous achètent, ou le remplacent par du gravier fin ; ils
poursuivent le lièvre, le lapin, la perdrix, la caille, la
colombe, le pigeon, la grive, l'étourneau. S'ils différent
en cela des Arabes, qui ne font ces chasses qu'au piège,
comme eux ils sont accoutumés à traquer la grosse bête. Le
lion est très-rare dans le pays, à cause de la grande
population : la panthère y est plus répandue. On la détruit
souvent au moyen d'une espèce de machine infernale, composée
de plusieurs fusils dont les canons entrecroisés abritent un
morceau de viande correspondant à leurs batteries par des
fils propres à en déterminer le jeu. L'animal se plaçant en
face,
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