En effet derrière elles, les
cacolets, les cent chevaux n'arrivent qu'un à un ; les
bataillons débouchent enfin, mais en désordre, mêlés et
confondus par la marche de nuit qui s'est effectuée sur un
rang ; leur formation est lente. Pendant ce temps,
l'avant-garde entraînée par son succès de surprise, appuie
de plus en plus sur la droite où l'ennemi lui apparaît
nombreux. Elle arrive sur la lisière d'un grand bois au lieu
de s'y embusquer et de tenir les Kabyles en échec par une
vive fusillade, elle s'élance sur la clairière qui les
sépare d'eux et commence une attaque infructueuse ; sa
faiblesse numérique est révélée, les Kabyles prennent
l'offensive. En un moment la moitié de la compagnie tête de
colonne est mise hors de combat : une seconde rétablit
d'abord l'équilibre, mais sera bientôt insuffisante, lorsque
intervient un bataillon envoyé à la hâte par le Maréchal
au bruit de cette fusillade qui l'inquiète.
Cependant le grand jour paraît ; il montre encore à
l'ennemi sa ligne de défense brisée au centre, tactique
naturelle des petites armées contre les grosses. Dès lors,
tous les villages éparpillés sur la montagne sont enlevés
successivement avec l'énergie habituelle ; mais les fuyards
échappent aux coups de notre cavalerie qui, mal renseignée,
s'est perdue dans des sentiers inextricables, sans parvenir au
lit de l'Oued-Kseb.
Toutefois, l'ennemi n'entend pas nous abandonner encore une
victoire où la surprise peut revendiquer sa part. Deux fois,
contre son usage, il revient avec un rare acharnement à
l'attaque des positions que nous lui avons enlevées. Pour en
finir, le Maréchal fait rayonner dans tous les sens une
charge à fond prolongée.
Il est près de cinq heures du soir quand les derniers
coups de fusil se font entendre, les premiers avaient devancé
le soleil.
Notre perte est de trente-deux morts dont un officier, et
quatre-vingt quinze blessés ; celle de l'ennemi peut
monter à six cents
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