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Au reçu de ce dernier message toutes les tribus voisines furent convoquées chez les Flissas dans une grande assemblée. La lettre fut lue plusieurs fois, et les Kabyles proclamèrent eux-mêmes que les faits énoncés étaient exacts.

Toutefois la délibération qui s'en suivit ne dura pas longtemps. Malgré les torts qu'on se reconnaissait, malgré l'avis de quelques vieillards, il fut solennellement déclaré que l'on ne pouvait pas se rendre aux chrétiens sans avoir entendu parler la poudre.

 
 

 

    

 

   

CHAPITRE IX.

 

 
CONQUÊTE DE LA VALLÉE DU SEBAOU.
 

 
I. Armée française. - II. Opérations préliminaires. - III. Combats du 12 et 17 mai. - IV. Soumission des tribus.
 

I.

 
En 1844, notre armée d'Afrique avait atteint son apogée de puissance militaire ; depuis, elle n'a pas décliné, mais elle ne pouvait plus grandir. Voilà le point de vue qu'il est indispensable de ne jamais quitter pour comprendre l'ascendant subit, infaillible, prodigieux, dont nos armes devaient constamment jouir dans la Grande Kabylie.

Les montagnards se croyaient indomptables ; leurs retraites étaient réputées inaccessibles, parce que, depuis des siècles, ni les Espagnols, ni les Turcs n'en avaient pu venir à bout, parce qu'enfin dernièrement ils avaient imposé à l'émir. Mais de combien nos ressources ne dépassaient-elles point celles de ces impuissants agresseurs ? L'incessante locomotion d'un ennemi subtil et léger pouvait parfois mettre en défaut l'agilité de nos colonnes ; mais aucune position, défendue par des masses incohérentes, n'était capable de résister à leur élan discipliné. Par sa nature, notre supériorité militaire avait bien meilleur jeu de la résistance que de la fuite ; elle triomphait du Kabyle, plus sûrement et surtout plus fructueusement que de l'Arabe.

Esquissons, à grands traits, la physionomie de cette armée-modèle, surtout comme armée de montagnes.

 
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