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CHAPITRE IV.

 
GÉOGRAPHIE 
et
 Caractères Politiques.
 
I. - Kabylie à vol d'oiseau. - II. Vallée de l'Adjeb. - III. Vallée du Sebaou. - IV. Vallée de la Summam. - V. Ben-Mahy-ed-Din. - VI. Abd-el-Kader.
 

I.

 
Nous avons appelé Grande Kabylie ce vaste quadrilatère dont les sommets reposent sur Aumale, Dellys, Bougie et Sétif. Ses côtés se composent des lignes plus ou moins brisées que voici : 

Entre Aumale et Dellys, la nouvelle route d'Alger l'Oued-ben-Ahmoud jusqu'à son confluent avec l'Isser au pont de Ben-Hini ; l'Isser jusqu'à Bordj-Menaïel l'Oued-Sebaou, depuis le Bordj du même nom jusqu'à son embouchure.
De Dellys à Bougie, le bord de la mer.
De Bougie à Sétif, une ligne droite, ou peu s'en faut.
De Sétif à Aumale, la route des Bibans, suivie en 1838 par la colonne venant de Constantine ; puis, l'Oued-Lekal (1), à partir de Kaf-Radjala.

Le pays ainsi limité occupe une superficie d'environ 500 lieues carrées. Les renseignements qu'on a pu recueillir font évaluer sa population au moins à 250,000 âmes, ce qui la répartirait en moyenne sur le pied de 500 habitants par lieue carrée. Ce chiffre ne répondrait pas à l'idée qu'on aurait pu s'en faire en parcourant, à la suite de nos colonnes, les vallées de la Summam, du Sebaou et de l'Adjeb, aussi peuplées que la plupart 

 

(1) Oued signifie rivière.

    

 

   
de nos départements ; mais il faut faire entrer en ligne de compte la solitude qui règne nécessairement sur beaucoup de cimes rocheuses et sur les flancs trop escarpés de certaines montagnes.

Nous n'entreprendrons pas d'exposer dans tous ses détails, la géographie politique et physique de cette contrée. Ce serait un travail ingrat qui, par la multiplicité des faits secondaires, le morcellement indéfini des intérêts et l'abondance des noms propres difficiles à retenir, fatiguerait l'esprit du lecteur, sans y laisser aucune empreinte nette. Au contraire, l'esquisse large des grands accidents naturels et des groupes sociaux les plus considérables fixera l'attention sans la disséminer. On suivra d'autant mieux la marche des évènements que leur théâtre sera moins encombré.

Une frappante analogie subsiste entre la configuration matérielle et la physionomie morale du pays. Le sol nous montre, séparées par les grandes dominantes, un petit nombre de belles vallées, véritables artères où circulent les principes vitaux. En examinant de plus près ces bassins du premier ordre, nous y découvrons l'épanouissement de plusieurs vallées secondaires, dont les flancs sont des contreforts du massif principal et lui en déversent les eaux. Ces petites rivières à leur tour reçoivent des torrents, ces torrents des ruisseaux ou des chutes ; ainsi l'on remonte, par un enchaînement de systèmes perpendiculaires les uns les aux autres, des bassins aux vallées, des vallées aux vallons, des vallons aux ravins ; et chacun de ces éléments géographiques a son nom, ses détails ; chacun comporterait une description particulière. Mais pour simplifier la carte, pour en faciliter l'entente nous nous arrêterons à la nomenclature des grandes vallées, au nombre de trois : celle de l'Oued-Adjeb qui n'est toutefois qu'un affluent, et les deux bassins principaux du Sebaou et de la Summam, débouchant dans la mer.

Le premier de ce cours d'eau descend des environs de Sétif, 

 
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