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Ainsi, l'on constate d'abord une dualité nationale qui résiste, au bout des siècles, à la communauté religieuse et au contact le plus multiplié; indice irrécusable de l'incompatibilité des races. Celles-ci, comme certains métaux, ne pouvaient former un alliage ; la force et le hasard ne réussirent qu'à les amalgamer.

Puis, si l'on abandonne ce parallèle pour approfondir spécialement les mystères de la société kabyle, plus on creuse dans ce vieux tronc, plus, sous l'écorce musulmane on trouve de sève chrétienne. On reconnaît alors que le peuple kabyle, en partie autochtone, en partie germain d'origine, autrefois chrétien tout entier, ne s'est pas complètement transfiguré dans sa religion nouvelle. Sous le coup du cimeterre, il a accepté (1) le Koran, mais il ne l'a point embrassé ; il s'est revêtu du dogme ainsi que d'un burnous, mais il a gardé, par dessous, sa forme sociale antérieure, et ce n'est pas uniquement dans les tatouages de sa figure qu' il étale devant nous, à son insu, le symbole de la Croix.

 
 

 

(1) Il a accepté : Kebel, Kabyle; l'une des étymologies.

    

 

   
 

CHAPITRE III.

 

OCCUPATION DE BOUGIE 

 
Par les Français.
 

 
I. Prise de Bougie. - II. Tribus voisines. - III. Le lieutenant-colonel Duvivier. - IV. La paix ou l'évacuation. - V. Visite du maréchal Clauzel. - VI. Le commandant Salomon de Musis. - VII. Ses successeurs.
 
La première phase de l'occupation française en Algérie, embrasse la conquête des principales villes du littoral. A Bougie, notre coup d'essai fut un avortement.

Le 5 août 1830, un jeune Bougiote nommé Mourad, se présenta chez M. le comte de Bourmont, comme le chef d'un parti considérable qui à la moindre démonstration des conquérants d'Alger, leur ouvrirait les portes de Bougie. Les prétentions de cet intrigant étaient le titre de caïd pour lui-même, et celui de capitaine du port en faveur d'un de ses adhérents qu'il avait amené.

On accueillit ses ouvertures, on lui fit des présents ; il reçut un diplôme avec un cachet de caïd. Enfin, escorté d'un brick de l'état qui avait mission de l'appuyer, il fit voile pour Bougie sur une embarcation frétée par le capitaine du port et par lui. Ces malheureux, en débarquant, trouvèrent les choses bien changées, ou peut-être s'étaient-ils toujours abusés sur les dispositions de leurs concitoyens. Quoi qu'il en soit, ils furent massacrés de suite, et le brick qui se tenait en rade, accueilli à coups de canon, fut obligé de regagner Alger.

 
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